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quelques critiques de livres

21.12.09

BORDEAUX: LA GARE SAINT-JEAN( 3)

Voilà que, la petite de Christine, elle s’appelle Marion, venue voir sa mère au sortir de l’école lui réclame une friandise. Christine proteste « Non, non, n’embête pas le monsieur ». Le monsieur assis se lève pour lui acheter cette babiole – c’est ça l’enfance aimer les babioles- et sent tout à coup ses mains trembler, sa vue se brouiller.

Il tente de se contrôler. Il accroche son regard aux panneaux départs et arrivées. Sauf qu’au lieu de chiffres c’est une image qui s’imprime devant lui.

Un souvenir qu’il avait oublié, comme si une boussole au lieu d’indiquer le nord indiquait le temps du passé, lui tourne la tête, sa tête une girouette, un tumulte dans sa tête, au moment précis où il réceptionne la barre de toblerone dans la main pour la tendre à Marion.

En 1943, il retrouvait de temps à autre au jardin public Lila Mendès. Vincent Dastarac avait autour de dix ans, Lila douze peut-être. Ils s’étaient connus par hasard huit mois auparavant, et aimaient être ensemble. En grand secret. Parce que Lila, souvent inquiète, lui répétait qu’elle venait là en cachette, qu’elle était une fille cachée. Le 9 juillet exactement, impatient comme d’habitude de voir son sourire doux et ses cheveux bruns, de l’entendre crier « Alors Vincent, on se promène ?» alors qu’il guettait son arrivée, il sentit au fil des heures les carrés de chocolat qu’il avait l’habitude de lui offrir fondre dans sa poche.

« Combien de temps ai-je attendu ? »

( FIN de l'extrait)

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